DE L’IMPORTANCE DE SCULPTER LE PAYSAGE
Le paysagiste anglais Tom Stuart-Smith est l’un des principaux acteurs sur la scène des jardins Outre-Manche. Lorsqu’il créa les superbes massifs de Broughton Grange non loin d’Oxford, un vieux monsieur s’approcha de lui à l’inauguration pour lui poser une question. C’était l’un des grands bonzes du comité des célèbres jardins de la région et Smith s’attendait à ce qu’il lui demande le nom de cette nouvelle Astrantia ou du temps qu’il avait mis pour tout aménager.
Devant eux se déployaient bien sûr les beaux mélanges de Phlomis, de Salvia et autres Geranium, mais surtout au loin une superbe campagne vallonnée s’étalait à l’infini en une carte postale digne des plus beaux paysages. Le vieux monsieur regarda le jardin, puis le paysage et sa question se limita à un mot :
‘WHY ?‘
On peut ainsi débattre à l’infini de savoir s’il faut intervenir dans un contexte naturel ravissant ou simplement contempler les choses telles qu’elles sont. Alors je vous laisse méditer sur la question en vous montrant la dernière taille au jardin. Deux ‘bêtes’ Chamaecyparis jouaient les soldats au garde à vous, écran de bas en haut comme deux colonnes. Guy a pris la scie et a dénudé la moitié inférieure. On a donc maintenant deux arbres aérés dans le bas qui laissent entrevoir le paysage campagnard, juste limité par une barrière basse en châtaignier dont le centre monte comme pour dessiner un triangle qui pointe vers un bosquet embrumé dans le lointain, effet miroir. La scène changera à chaque saison par les cultures de colza, de blé ou de lin.
