BILLET D’HUMEUR : S’inquiéter du sort de la planète ne date pas d’aujourd’hui.

BILLET D’HUMEUR : S’INQUIÉTER DU SORT DE LA PLANÈTE NE DATE PAS D’AUJOURD’HUI.

L’un des grands jardiniers du 17ème siècle, John Evelyn (1620 – 1705) avait déjà écrit un livre sur les bienfaits du végétarisme absolu et surtout, en tant qu’écologiste, se préoccupait fortement de la déforestation. Le bois avait alors la même valeur que nos énergies fossiles et sa disparition le perturbait grandement. Sans bois ‘plus d’industrie, plus de feu dans la cheminée ni de bateaux pour protéger les côtes’. Son livre ‘Sylva’ est à l’origine du vaste mouvement de replantation qui émut toutes les couches sociales pour malheureusement connaître un destin funeste au lendemain de la Grande Tempête de 1703 qui emporta des dizaines de milliers d’arbres en une semaine.

Par contre, la période ouvre des perspectives inégalées en matière d’introduction de nouvelles plantes. En un siècle, le jardin d’agrément s’enorgueillit d’accueillir près de dix mille plantes différentes, trois fois plus qu’au siècle précédent.

Et aujourd’hui ? Je laisse aux autres le commentaire sur le sort funeste réservé à la planète pour analyser plutôt le lendemain de nos jardins.

Je m’inquiète de la perte de diversité dans les pépinières et le futur n’est pas forcément brillant. En trente ans la moitié des pépinières a fermé, la plupart du temps de petits spécialistes qui ne tiennent plus le coup face à la concurrence des grosses machines. Ce qui signifie non seulement un choix BEAUCOUP plus restreint qui s’annonce mais aussi la perte de connaissance auprès des spécialistes. 35% des pépiniéristes ont plus de 60 ans et parmi les jeunes, très peu de candidats dans la 20taine.

La récente visite à deux des plus gros producteurs de vivaces et d’arbustes en Belgique m’a effrayé. Très peu de choix et une répétition de mêmes espèces déclinées en multiples cultivars dont on n’a rien à faire. A voir si internet peut changer la donne. Bien sûr cela ‘fainéantise’ les gens mais l’existence d’un site permet au pépiniériste qui n’a pas dix hectares de se limiter à une production plus restreinte et d’avoir ‘une vitrine sur le monde’ sans trop d’investissements. Ce qui pourrait ravir de petits spécialistes qui habitent parfois loin et qui peuvent alors envoyer certaines plantes par correspondance. 

Le Brexit pourrait par contre arranger les affaires des petites pépinières anglaises. ‘Out’ les gros pots hollandais gavés d’engrais et à des prix imbattables. Les revendeurs qui ne produisent rien ont du souci à se faire. Les taxes qui vont certainement être levées sur les imports pourraient bien favoriser les petits producteurs locaux. Pour les continentaux, il faudra donc se rendre encore plus fréquemment en Angleterre pour les acheter car les produits anglais deviendront trop chers chez nous.

D’où l’importance fortement accrue de participer aux voyages Marco Polo qui sponsorisent ce post, ainsi que tous les autres.

Au fait, la nouvelle coqueluche annoncée cette année pourrait bien être une fougère ‘made in UK’ :

Dryopteris wallichiana ‘Jurassic Gold’. Nouvelles frondes orangées puis une plante mature au feuillage jaune. Sans doute présentée au prochain Chelsea Flower Show. On ira y montrer sa fraise et vérifier qu’il y en a toujours une au fond de la pinte de Pimm’s…. Çà vous donnera tous les scoops et gossips tant attendus…