Comment faire pour ne pas détester les Echinacea ?

Après la folie pour les Echinacea ces dix dernières années, la plupart d’entre vous déchante et finit pas ne plus en planter. Parfois çà vivote, pousse chichement pour disparaître trois ans plus tard au mieux. Parfois c’est pire encore et les nouvelles plantes ne reviennent pas l’année suivante.

Tout allait bien avec les fleurs roses et blanches jusqu’au jour où les Américains et les Hollandais se sont mis à les croiser par centaines pour introduire du jaune et de l’orange, relégués chez nous pas des passionnés comme Thierry Delabroye qui pourtant aujourd’hui ne veut plus en entendre parler. Mais qui faut-il vraiment blâmer ? Ceux qui hybrident les plantes à tort et à travers ? Sans doute, mais pas seulement.

Et si le ver était dans le fruit dès le départ ? Et si les ‘manipulations’ forcenées n’étaient pas les seules coupables ? Ce qu’on ne vous a jamais dit (çà c’est LE scoop du siècle), c’est COMMENT une Echinacea se développe. Les vivaces de courte durée de vie ont un collet à la base de la plante qui sépare la tige florale des racines mais celles-ci restent en place et n’étendent pas. Une VRAIE vivace ne se comporte pas de la même manière. De la base au niveau du sol, des nombres petites racines se développent rapidement et partent explorer le sol. L’Echinacea est à mi-chemin entre les deux. Faites l’expérience et regardez à la base de la tige dans le pot. Il y a bien quelques radicelles un peu chiches mais qui n’ancrent pas bien la tige dans le pot et semblent ne pas vouloir vraiment s’étendre. Si vous plantez cette Echinacea à l’automne (tout simplement parce que c’est le moment où elle est parfaite à la fête des plantes ou en pépinière), le peu de racines finit par pourrir durant l’hiver trop humide. N’oubliez pas que dans son Amérique d’origine, elle part dormir pour supporter les -20°C habituels alors que chez nous les hivers sont trop ‘doux’ et ne lui laisse pas de vrai repos. Bye Bye. Remède : ACHETER UN GROS POT ET NE PLANTER QU’AU PRINTEMPS EN SOL DRAINANT. NE METTEZ PAS DE MULCH ! NE TRANSPLANTEZ JAMAIS !

Autre tip : Le gène de la couleur JAUNE vient de Echinacea pallida qui ne supporte pas l’humidité même en été (prairie sèche). Et c’est là qu’il faut blâmer les hybrideurs qui l’utilisent à vos dépens si vous n’avez pas de jardin drainé. Vous savez ce qu’il vous reste à faire.

Une autre raison de leur disparition, mais qui découle de ce que je viens de dire, est une relative intolérance à la concurrence. Et vous, que faites-vous ? Sitôt sortie du pot, vous la fourrez au beau milieu d’un imbroglio de plantouilles qui vont rapidement n’en faire qu’une bouchée. Chronique d’une mort annoncée. Remède : PLANTER PLUSIEURS SUJETS CÔTE À CÔTE et pas trop proches des Schwarzenegger voisins.

Si vous doutez, préférez les vieux cultivars que le temps a testé comme ‘Rubinstern’, ‘Rubinglow’, ‘Magnus’,… (rose) / ‘Alba’ (blanc). Ce sont toutes des E. purpurea.

Etonnamment ‘Coconut Lime’ (blanc à pompon jaune) résiste très bien.

Dans notre jardin, tout aussi étrange, ‘Eccentric’ rouge est revenue trois étés, se développe très bien et fleurit à profusion. C’est la raison pour laquelle c’est elle qui illustre cet article. Et si vous voulez me voir la présenter avec mon beau short (un suspense insoutenable) ce sera pour la saison prochaine dans Jardins & Loisirs.

La Royal Horticultural Society est en train de tester des dizaines d’espèces et cultivars pendant trois années consécutives et décernera ses ‘médailles’ l’année prochaine. Une affaire à suivre…