BAMBOU MAGIQUE, BAMBOU POÉTIQUE

Les Asiatiques sont passés maître dans l’art de travailler le bambou. Dans le jardin japonais, il peut occulter une zone par une palissade hautement travaillée : matériau gratuit mais savoir- faire rare qui implique une connaissance sans pareille du bois et la manière étourdissante de le travailler.

Au festival d’art que nous visitons, le Taïwainais Lin Shuen Long assemble plusieurs milliers de bambous pour créer une cathédrale ajourée qui prend la forme d’une olive au milieu des rizières en terrasse et que l’on cultive sur l’île de Shodoshima. Les images parlent d’elles-mêmes.

Toujours en bambou, mais de manière plus poétique voir mélancolique, un autre Taïwanais Wang Wen Chih participe pour la troisième fois Au festival avec un même thème ‘Beyond the border, the sea’. Il y a trois ans il proposait ‘Tide’ (la marée).

196 statues d’enfant de sable et d’amidon représentent les 196 pays reconnus par le Japon et sont dirigés vers leur pays respectif. Sur l’image est gravé le nombre de kilomètres qui séparent le pays du Japon. Chacun représente un enfant disparu en mer. Les statues sont destinées à disparaître par l’érosion.  Mais à l’intérieur se trouve une rose blanche permanente qui sera l’unique chose restante après l’érosion.

Trois ans plus tard, l’artiste revient avec ‘Wave’ (vague) le dénouement de l’histoire. On accède au site par une passerelle en bambou qui mène à une gigantesque forme ronde hérissée de tiges de bambou. Le coeur rond et creux représente une olive et l’extérieur hérissé un oursin, reliant ainsi la mer à la terre.

L’intérieur forme un long couloir circulaire truffé de larmes de tissus décorés de dessins d’enfants.

La construction jouxte la plage et la mer. Mais à marée basse, l’image sculptée d’un enfant sort de l’eau, symbolisant les 195 autres disparus, venu se recueillir devant la structure de bambou que l’on comprend être un temple.