UN P’TIT BLANC POUR VOUS REMONTER LE MORAL ?
Çà va pas ce matin ? Eh toi aussi tu te sens à l’étroit dans ton confinement et ton insupportable solitude ? Alors ‘stay tuned’ et suis mon blog qui te requinque le moral avec de belles plantes (rien à voir avec la belle Russe pulpeuse qui hante tes mails !). Ambiance morose oblige, je conseillerai aussi sur les médicaments à prendre pour enrayer l’envahisseur et proposerai même à la fin une jolie chanson à passer éventuellement à ta crémation au cas où ça finit mal (enfin, tôt ou tard, çà finira mal de toute manière).
On commence aujourd’hui par du blanc, du blanc et encore du blanc.
J’avoue être victime d’éruption cutanée à la vue des banals forsythias et kerrias à fleurs doubles qui tapissent le panorama en fin d’hiver, des autoroutes aux jardinets de façade. Et pourtant…. il y a kerria et…. kerria ! Le Kerria japonica ‘Albescens’ est une ravissante méconnue quasi absente des jardins alors que prospère viralement (le mot n’est pas encore au dico mais ce ne saurait tarder) la forme à pompons d’un orange un peu banal.
Ce petit bijou a été introduit en culture par le chasseur de plantes japonais Mikinori Ogisu que certains qualifient d’Indiana Jones de la botanique.


La fleur simple à cinq pétales et coeur jaune fait un peu penser à celle du fraisier fortement grossie mais sa couleur est plus subtile. Elle commence crème et finit blanche mais en gardant une infime dose de jaune. Moins haut que les autres Kerria, il ne dépasse pas un mètre de haut et les tiges ont tendance à s’arquer à l’horizontale. Drageonnant comme les autres mais gérable. Le nôtre a quelque chose de ‘plus’. Il ne vient pas d’une pépinière mais d’une temple shintô en périphérie de Kyoto.


Une autre belle et troublante pour la fin de l’hiver l’Illicium simonsii se rencontre tout aussi peu. Elle existait déjà à l’époque des dinosaures mais cette espèce particulière n’a été introduite en culture que dans les années 1990 depuis le Sichuan. Attention, comme tous les arbustes de la famille il n’est pas totalement rustique (résistance environ -10°C) mais pousse dans notre jardin depuis quatre ans, même s’il faut avouer qu’il n’est pas rapide. Mieux à la mi-ombre et de toute façon à l’abri du vent. Son feuillage persistant ajoute encore à son intérêt et son parfum vous plaira peut-être, puissant qui rappelle le magnolia.


A défaut de faire hanami (‘voir les fleurs’) au Japon, vous pouvez cultiver le cerisier le plus célèbre qui fleurit par milliers de sud Kyushu au nord Hokkaido en passant bien sûr par les incontournables Kyoto et Tokyo. Prunus x yedoensis est un hybride stérile créé à Tokyo au 18ème siècle pour assurer une floraison spectaculaire et, planté en masse partout dans la ville, faire le show durant quinze jours en mars/avril. Les fleurs blanches sont simples et embaument le parfum d’amande. A admirer comme il se doit, c’est à dire du dessous avec un fond de ciel bleu. Mais le moment que tout le monde attend, c’est quand le vent emporte les pétales et fait tomber la neige



‘Encore’ un Daphne, qui fleurit abondamment et très longtemps au mois de mars : Daphne ‘White Queen’, un hybride entre D.acutiloba et D. sureil. Ce n’est pas le plus facile de tous car il faut le protéger des vents froids mais sa couleur blanche immaculée, l’abondance des fleurs sur une longue période en mars-avril, le parfum et la persistance de l’arbuste d’un mètre en tous sens devraient vous séduire.

Alors, du côté du p’tit blanc médicamenteux, et par les temps qui courent je ne saurais trop vous conseiller cette potion magique qui guérit tout. Déjà la fiole fait penser au comptoir d’apothicaire mais le contenu est bien plus goûteux qu’une lampée d’huile de foie de morue. Le Monkey 47 contient 47 ingrédients : 6 sortes de poivre, acore odorant (Acorus calamus), amande, angélique, orange amer, mûre sauvage, cardamome, écorce de Cassia, camomille, cannelle, verveine citron, clou de girofle, coriandre, canneberge, graine de cubèbe, églantine, sureau, gingembre, graine de paradis (Aframomum melegueta), aubépine, deux formes d’hibiscus, jasmin, chèvrefeuille, feuille de kaffir, lavande, citron, mélisse, citronnelle, réglisse, monarde, noix de muscade, racine d’iris, piment, pomelo, cynorhodon, sauge, prunellier et bien sûr des baies de genévrier. Le tout baigne dans de l’eau pure de la Forêt Noire et bien sûr un brin d’alcool pour tuer toutes les mauvaises bactéries qui contaminent votre corps.

Et la musique du jour qui accompagne le Monkey 47 : la chanteuse Céleste (parfait pour une crémation) et ‘Stop this flame’ (pour conjurer le sort). Vous aurez pour la première fois l’occasion d’y voir un coronavirus rouge sur fond de pelouse verte qui gigote en tous sens. La voix de la chanteuse est elle aussi céleste. A mettre bien fort…
You tell me to stop but I keep on going
Tell me to stop but I keep on going
Tell me to stop but I keep on going
Keep on, keep on, keep on