Ceci n’est pas un pavillon japonais

CECI N’EST PAS UN PAVILLON JAPONAIS

La semaine dernière vous avez vu le pavillon au fil des saisons. Mais quelle est son histoire …. ?

Victor Brauner est une figure marquante du surréalisme. Ce tableau me fait penser à la réalisation du jardin ou de toute chose créée d’ailleurs.

Quand nous sommes arrivés, il n’y avait qu’un vieux pigeonnier délabré qu’on a retapé et peint mais au fil des ans, on s’est dit que çà faisait un peu ‘Martine à la campagne’. Il y a eu les premiers voyages au Japon et puis… l’idée du pavillon.

Suppression du pigeonnier, dalle de béton et visite dans une carrière près de la frontière pour sélectionner des rochers qui allaient soutenir le pavillon sur pilotis et…

… constituer un chemin de promenade de la maison au pavillon, en contournant une butte réalisée à partir des terres excavées pour les fondations du pavillon.

Quatre ans plus tard…. petite évolution…. Il ne s’agissait pas de faire un jardin japonais, qui selon nous n’a de sens qu’au Japon, mais de s’inspirer de certains principes : équilibre végétal et minéral, importance des feuillages, choix de plantes dont l’intérêt change au fil des saisons en un petit espace. Sans bouger de ce microcosme, cette petite surface devait avoir autant d’intérêt que le reste du jardin et être contemplé assis depuis le pavillon ou en courte balade autour de la butte.

Les matériaux n’ont rien de japonais : pin, cèdre et chêne. Nous suivons donc le principe japonais (!) où l’espace fusionne avec l’environnement sans heurt et en dialogue avec lui, en utilisant les ressources locales. A quoi cela sert-il d’utiliser des bois ‘exotiques’ comme le cryptomeria japonais alors que cet arbre ne pousse pas chez nous ! C’est comme vouloir un jardin mexicain et revêtir les vaches dans la prairie d’un poncho pour faire plus vrai que nature.

Pose de la cloison à torchis avec fenêtre circulaire pour évoquer la lune. Sans avoir travaillé au Japon mais avec pour seul modèle les plans que Guy avait dessinés, les menuisiers ont parfaitement intégré le dessin du toit oriental sans pourtant utiliser la méthode du cantilever au niveau de la véranda que les Japonais aiment utiliser pour réduire le nombre de poutres verticales qui empêchent d’embrasser tout le jardin d’un regard. Ici la longueur est assez courte pour ne pas devoir soutenir l’avant-toit.

Sur la droite, le seul arbre qui existe encore du vieux jardin. L’ancienne propriétaire était la bonne du curé, d’où la présence d’un très vieux buis qu’on a transplanté mais, encore aujourd’hui, il peine à reprendre convenablement. Aujourd’hui il sert de support à une nouvelle glycine qu’on mène en arbre.

Avec les bardeaux de cèdre, c’est encore mieux ! Là encore, pas de cryptomeria et certainement pas le travail d’orfèvre que les Japonais mettent en oeuvre pour multiplier les couches. Cela reste simple et visuellement efficace. Quelques fins bambous rectilignes équilibrent la rondeur pour adoucir le vide visuel de la fenêtre.

Il fallait que le pavillon s’intègre totalement dans le jardin qui l’entoure mais il restait encore à aménager les abords.

Premières plantations sur la butte avec lilas arbustif, pivoines itoh, Broussonetia labillardieri et azalées. Le clin d’oeil à la Belgique avec le nom des azalées : ‘Moederske Dag’, çà me fait toujours bien rire mais il est vrai qu’elles s’épanouissent à la fête des mères. Et dire qu’on aurait pu se la péter un peu avec des azalées ‘Dame Murasaki’ ou ‘Lever de Lune sur le Fuji San’. Non… ce sera Moederske Dag… (je ris)… Si vous habitez le Brabant wallon, vous pourrez évidemment le rebaptiser ‘Mother’s Day’ qui flirte mieux avec Windsor que Steenokkerzeel.

Pose d’une couche de torchis sur les deux murs extérieurs et intérieurs. La fenêtre donnant sur la maison, elle accueillera un noren…

… que voici avec ses couleurs d’automne. Il change à chaque saison, un peu comme la calligraphie ou la peinture qu’on alterne en fonction du thème que l’on veut donner à la cérémonie du thé. Le tissage relâché du lin permet au soleil de le traverser. Une lune rousse ?

Plusieurs années ont passé et le pavillon est moins visible. Il s’intègre ainsi mieux dans le contexte. Nous n’avons jamais aimé de gros plouf au milieu de la piscine.

Ah les plantations…. Amélioration du sol et plantation dense pour obtenir rapidement un bel effet.

Il ne reste plus maintenant qu’à contempler et tailler les végétaux au fur et à mesure pour maintenir l’équilibre entre le végétal et le construit. Oups, seraient-ce les oreilles du lapin blanc lunaire qu’on voit prendre le thé ? Si son breuvage correspond à l’élixir d’immortalité, mes détracteurs ont du souci à se faire.

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