AZARA ? OUI LES MIRACLES EXISTENT
Oh n’essaie pas çà,
çà ne poussera jamais dans ton jardin.
Vous avez déjà entendu ce refrain. Mais quand on est une peste avertie (comprenez ‘qui n’en fait qu’à sa tête mais qui possède tout de même quelques neurones intacts’) ce dicton plus lourd qu’une brouette de lave a tôt fait de diluer ses effets comme une pilule homéopathique dans une piscine olympique.

Nous avons vu le premier Azara microphylla à Great Dixter il y a une vingtaine d’année. Contre un mur, gigantesque, il croulait sous le poids des fleurs. Bien sûr, il nous en fallait un. Ce sont de grands arbustes originaires de l’Amérique du Sud, Chili-Argentine. Trop difficile chez nous ? Tout dépend de l’endroit où les graines ont été collectées car une plante ‘essaie’ de s’installer jusqu’aux limites du possible en altitude et ce sont ces graines là qu’il nous faut. Autant dire que les rejetons nés chez nous sont… encore mieux !

Le voir, c’est le vouloir surtout pour les fleurs qui durent un mois et demi à partir de mai. Elles ressemblent aux fleurs de l’Acacia avec ce même parfum envoûtant que vous percevez de loin. Si vous êtes de passage à la Grand Place de Bruxelles, humez donc l’air en mai. S’il fait doux et humide et qu’un parfum de chocolat (tiens tiens !) mélangé à de la vanille et une touche de cannelle arrive à vos narines, ce n’est pas le magasin Godiva qui en est la cause… C’est sûrement notre Azara.

il mesure environ six mètres de haut en condition optimale. Vous dire que tout va bien est un mensonge. Nous avons planté le nôtre il y 15 ans, une information importante pour claquer le bec au rabat-joie de passage, mais une année, il y dix ans je pense, l’hiver l’a complètement rabattu jusqu’au sol. Pas de souci, il est reparti de rien comme une vivace et a poussé à très vive allure pour rattraper sa taille optimale en trois ans ! Il supporte -10°C même si le bout des feuilles brunit un peu, et jusque -15°C avec des dommages sur le bois. La situation idéale n’est pas le milieu du jardin mais un mur où il remplacera à merveille clématites et rosiers avec l’avantage d’être persistant, bien sûr proche de la maison pour profiter du parfum. De préférence à l’ouest pour éviter le soleil matinal parfois terrible à l’Est à la fin de l’hiver. Le soleil rend les nouvelles pousses plus courtes ce qui est bien. A l’ombre, moins de fleurs et un bois moins aoûté, donc plus fragile. S’il neige, il faut le secouer pour enlever les flocons.

Aussi un conseil de lecture, un vrai. Vous en avez marre de ces encyclopédies ‘toutes plantes’ soit disant ‘édition revue et corrigée’ mais qui transpirent la fièvre aphteuse quand on ouvre leurs pages au parfum de naphtaline ? Alors achetez ‘Trees for all seasons’ de Sean Hogan (éditions Timber Press). Si vous lisez en anglais, il n’y a pas mieux pour découvrir plus de 300 arbres et arbustes spéciaux UNIQUEMENT PERSISTANTS. Le livre bénéficie d’une préface de Roy Lancaster, c’est tout dire. Les explications sont très fouillées pour les conseils de culture et l’on sent que l’auteur maîtrise son sujet par des années de pratique. Bien sûr, il faut faire un tri car certains sont tout à fait inadaptés à notre climat mais l’auteur le précise parfaitement en donnant les températures et plus encore. Sans lui, dans notre jardin nous n’aurions pas d’Azara et autres Michelia qui ajoutent une note d’originalité au jardin.
