A tous ceux qui n’ont pas le temps d’attendre

A TOUS CEUX QUI N’ONT PAS LE TEMPS D’ATTENDRE

Les livres de jardin, c’est bien. Ils permettent d’ajuster des règles de base nourries, quand le livre est bon et se ne limite pas à citer d’interminables listes de plantes, de quelques astuces qui sentent le vécu. Mais les règles communément admises sont faites pour être changées, tout spécialement quand c’est moi qui les change. Et j’espère que vous pensez de même… en ce qui vous concerne bien entendu.

Ainsi la sacro-sainte règle d’or gentillette qui consiste à vous dire qu’il faut planter à distance respectable pour que les plantes puissent s’épanouir parfaitement au fil des ans. Sauf que voilà, j’ai passé cinquante balais et je n’ai pas le temps d’attendre. Je n’aime ni le vide abyssal entre les arbres et encore moins les vivaces plantées chichement dans l’espoir qu’un jour elles se multiplieront. Moi, je veux que çà pète de partout, que çà m’émeuve tout de suite ici et maintenant et je laisse demain aux mouches.

S’il me semble évident de ne pas planter deux chênes à un mètre de distance, qu’en est-il des plantes à enracinement superficiel et celles qui sont rhizomateuses ? Bonne nouvelle, vous ne pouvez pas vous tromper en les plantant très proches. Je vous déplace un rhododendron de vingt ans seul et à la bêche en moins de quinze minutes. Certains diront que je le dois sans doute à mes super pouvoirs hérités de ce scarabée bousier – vous savez ces petits coléoptères qui poussent plusieurs fois leur poids en nourriture jusqu’à leur terrier – qui m’a un jour piqué et m’a transmis sa force colossale (voir Spiderman I à VII pour bien comprendre ce que je vous dis). Eh bien non ils se trompent. J’ai dû me débarrasser à regret de ce don surpuissant car ce n’est pas tous les jours facile de surmonter les inconvénients de coprophage, surtout en société.

En réalité, les rhododendrons ont un enracinement tellement superficiel qu’il est possible de les bouger à n’importe quel âge et sans souci. Et qu’en est-il des rhizomes ? Preuve en image, il est très facile non seulement de les déplacer mais aussi de les diviser. De l’autre côté du parterre expliqué dans l’article précédent, vivent d’autres rhodos et des vivaces d’ombre rares comme le Chloranthus fortunei et l’extraordinaire Polygonatum falcatum ‘Silver Striped’.

Cloranthus fortunei sur la gauche au feuillage gaufré et épis blancs en été, une merveille à l’ombre fraîche.
Polygonatum falcatum ‘Silver Striped’ au centre. N’est-ce pas exceptionnel ?

En place depuis quatre ans, il est temps de les diviser car ils forment d’abondantes touffes. Très facile pour le sceau de Salomon, vous enlevez la touffe et défaites à la main des rhizomes individuels.

Pas compliqué pour le Chloranthus. Un bon coup de bêche et voilà trois plantes déjà bien formées.

je n’insisterai JAMAIS assez sur l’importance d’ajouter des mycorhizes à la plantation qui accélèrent l’installation des plantes de manière incroyable. Ces bactéries favorisent les échanges entre le sol et les racines de la plante pour une reprise rapide. Très très efficace.

Eh voilà le travail. Replantation serrée. Nouvel impact visuel par la répétition des deux plantes à distance. Les plantes rares coûtent cher et je comprends que vous n’en achetiez qu’un exemplaire. Mais en choisissant des rhizomes, la division vous permet rapidement de faire croire que tante Madeleine vient de vous léguer sa fortune. On y verra toutefois plus clair l’an prochain lorsque les plantes seront bien installées.

Je n’ai jamais très bien compris les sommes exorbitantes que l’on demande pour les plantes d’ombre de ‘collection’. Les deux plantes divisées ci-dessus pourraient encore être divisées en de nombreux fragments et me rapporter plus de mille euros si je les vendais au prix des ‘foires aux plantes spécialisées’. Ceci me laisse songeur…. Il faudrait que je pense à me recycler. Savez-vous que le scarabée d’Egypte incarne le dieu solaire qui renaît chaque matin ?

Sachez enfin que les pépinières spécialisées anglaises sont bien moins chères que les nôtres. Le Polygonatum vous reviendra la moitié du prix de chez nous (faut-il encore le trouver en Belgique) et le tiers si vous avez la malchance d’être Français (à ce sujet j’ai vu un site qui propose une foule de plantes rarissimes dont le nom de cultivar est ‘indisponible’).

11 commentaires

  1. Merci encore Francis pour ce superbe article dominical. Deux petites merveilles que j’ajoute sur ma liste (déjà bien fournie) pour le voyage mystère de l’an prochain.

  2. Merci pour ce grand message ce matin Francis.
    Belles plantes que tu nous montres encore faut-il les trouver ?
    J’espère que lors de notre voyage programmé l’an prochain en Angleterre vous nous ferez découvrir des pépinières intéressantes car la dernière fois que l’on est allé avec vous deux la livre était chère pour les français…………depuis j’espère que le Brexit ne nous empêchera pas de faire ce merveilleux voyage dans les Costwolds (faute sûrement). Bon dimanche à vous deux. Le soleil et le chaud sont revenus depuis hier et il faut en profiter pour voir les belles couleurs dans les jardins et arboretum.

  3. Ayant la malchance d’etre française (enfin pas tout à fait puisque je suis bretonne😏) je connais aussi ce site de plantes d’ombre rares et hors de prix dont la plupart des cultivars se nomment indisponible 😄

  4. ça alors je ne savais pas que vous étiez un super scarabée… Vous avez le pouvoir de vous transformer ??? si je me souviens bien vous étiez un Schtroumpf il n’y a pas si longtemps..hi hi hi ………….

  5. merci pour ces renseignements précieux, petit scarabée !
    j’attends impatiemment le printemps prochain pour revenir admirer ce beau jardin et ses nouvelles plantations

  6. Comme d’habitude: beau texte, Francis! Une petite remarque: les plantes coûteraient moins chers si les propriétaires des terrains de foires demandaient moins d’argent pour l’emplacement des pépiniéristes. Ce sot des sommes “honteuses”.Bonne journée.

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