Flore indigène ou exotique ?

FLORE INDIGÈNE OU EXOTIQUE ?

On entend de plus en plus de gens dire qu’il ne faut pas planter de végétaux non Européens car c’est très mauvais pour la faune et la flore locales. Dans l’atmosphère ambiante du ‘chéri, fais-moi peur’ le jardin ne fait pas exception et çà fuse de partout. Qui faut-il croire ? J’ai demandé à l’université de Steenokkerzeel mais cette fois ils m’ont aiguillé vers la vénérable RHS (Royal Horticultural Society) qui a mené un vaste projet en trois temps depuis… 10 ans (!!!) et vient de publier le résultat final qui, comme par hasard, établit un condensé de bon sens où chaque acteur a un rôle-clef à jouer dans le maintien d’un bon écosystème. Voilà qui devrait définitivement (je rêve !) calmer ceux qui pensent que nos insectes préfèrent les plantes natives. Le rôle que nous avons à jouer pour préserver la faune est primordiale car la surface allouée aux jardins dépasse largement celle des réserves naturelles.

Un bon scientifique cite ses sources, n’est-ce pas ? Je n’en suis pas un et je cède donc la parole aux divers comités scientifiques dont vous trouverez les références au bas de cet article. Attention, c’est en anglais et un peu plus lourd que les babelutes de Germaine dans l’Echo des Amis de Maya l’Abeille.

Les faits :

*** L’étude a été menée pendant dix ans sur deux sites différents, chaque fois au coeur de 18 massifs de 3 X 3 mètres.

*** L’étude s’est concentrée successivement sur les trois types de petites bestioles qui vivent dans le jardin : les insectes pollinisateurs, les invertébrés qui vivent sur les feuilles/tiges (comme les chenilles) et les invertébrés qui vivent au niveau du sol (comme les scarabées).

*** On considère trois types de plantes : les natives (de nos régions), les ‘presque’ natives (flore européenne) et les exotiques.

*** Un jardin classique contient 30% de plantes natives et 70% de plantes exotiques (une pivoine arbustive est bien sûr une exotique puisque chinoise (encore ces Chinois !)

Résultat des recherches :

  1. Le meilleur moyen de favoriser les invertébrés qui vivent sur les feuilles est de leur donner des plantes de nos régions, plantées densément mais en laissant parfois quelques espaces vides pour les prédateurs comme les araignées de sol. TOUTEFOIS, le nombre d’invertébrés ne diminue que de 10% sur les plantes européennes et de 20% sur les exotiques. De plus, la flore européenne et les plantes exotiques ont aussi un rôle à jouer en ce qu’elles offrent aux invertébrés un abri hivernal si la plante est persistante. 
  2. Il est indispensable de mêler les trois types de flores pour les insectes pollinisateurs. Les plantes exotiques fleurissant à divers moments de l’année et sur une longue période, là où les natives ont un rôle beaucoup plus court, elles sont d’une aide considérable dans la pérennité et la conservation des insectes butineurs comme les abeilles ou les papillons. Elles sont donc indispensables à qui veut enrayer leur raréfaction.
  3. Le type de flore choisi n’a aucun effet sur les invertébrés qui vivent au sol. Tout ce que ces bestioles opportunistes demandent c’est qu’on leur donne à manger en densifiant le plus possible les plantations. MAIS n’oublions pas quelques coins vides pour les prédateurs au sol.

EN RESUME

La meilleure stratégie que l’on puisse appliquer au jardin est d’offrir à nos insectes la plus grande diversité possible et de planter en abondance son jardin.

J’espère que ces conclusions n’étonnent personne…

Bon je vous laisse… je vais planter un Mahonia bien chinois dans le jardin. Rassurez-vous, j’ai mis un masque et une combinaison imperméable.

Un cadeau de Christian Peyron (le propriétaire du ‘Bois Marquis’ en France dont le jardin est largement illustré dans le livre ‘Jardins d’Hiver’ de Cédric Pollet aux éditions Ulmer) qui est venu au jardin hier.

Vous avez de quoi me jalouser : Mahonia longibracteata, une pure merveille mais rare en culture…

Mahonia longibracteata

REFERENCES

Salisbury, A., Armitage, J., Bostock, H., Perry, J., Tatchell, M. & Thompson, K. 2015. Enhancing gardens as habitats for flower-visiting aerial insects (pollinators): should we plant native or exotic species? Journal of Applied Ecology 52: 1156-1164 onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/1365-2664.12499/full 

Salisbury A. Al-Beidh S., Armitage J., Bird S., Bostock H., Platoni A., Tatchell M., Thompson K., and Perry J.  2017.  Enhancing gardens as habitats for plant-associated invertebrates: should we plant native or exotic species?  Biodiversity and Conservation. 26: 2657-2673 doi:10.1007/s10531-017-1377-x

Salisbury A, Al-Beidh S, Armitage J, Bird S, Bostock H, Platoni A, Tatchell M, Thompson K. and Perry J. 2019. Enhancing gardens as habitats for soil-surface-active invertebrates: should we plant native or exotic species? Biodiversity and Conservation. https://doi.org/10.1007/s10531-019-01874-w

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