La raison qui vous pousse à détester les Echinacea

LA RAISON QUI VOUS POUSSE À DÉTESTER LES ECHINACEA

Il y a quelques années encore vous ne juriez que par elles. Je me rappelle Thierry Delabroye portant fièrement la casquette de je ne sais plus quel obtenteur américain aux foires aux plantes, transformé en king des échinacées et ventant à tue-tête les mérites de cette belle américaine. Les sacs de plantes dégoulinaient de marguerites à mesure que les cultivars se succédaient à un rythme effréné.

Il y a dix ans, ‘Ruby Giant’ quand le parterre pourpre était en plein soleil

Puis vint Piet Oudolf et ses plantes de prairie avec des taches d’échinacées plus amples que la largeur de vos deux bras aux côtés des copines Echinops et autres Sanguisorba. Populaires et indispensables Echinacea. Et puis, tout a dérapé, je ne sais plus très bien quand. C’est comme si un coronachinacea envahissait nos parterres. Les plaintes ont commencé. Les gémissements ont suivi. Les portefeuilles ont dit stop. Plus personne n’arrivait à les garder malgré la pléthore de cultivars multicolores qui continuait d’envahir le marché. La faute à qui ? Aux obtenteurs et aux jardiniers mal informés. Sans doute pour obtenir des couleurs de plus en plus affolantes, on s’est mis à croiser des E. purpurea qui résistent mieux dans certaines conditions avec des E. paradoxa, de sombres chipies jaunes qui n’aiment pas l’humidité ni en hiver ni en été.

‘Art’s Pride’, une belle chipie qui ne tient jamais plus de deux ans

Et catastrophe, elles se mirent à crever les unes après les autres, généralement l’année suivante. Bye bye les ‘Sunrise’, les ‘Mango machin’ et même finalement la plupart des autres qui ne vivaient de toute façon que peu d’années, cette fois à cause de vous.
Mais qu’avez-vous donc raté et pourquoi, par exemple, Oudolf continue-t-il de nous narguer avec ses échinacées (toutefois, tiens tiens, moins nombreuses) à l’insolente santé ? Tout simplement parce qu’il est malin et connaît bien les plantes. Avez-vous déjà vu des échinacées oranges à froufrou roses dans ses parterres ? Non, ce sont systématiquement des fleurs qui ressemblent aux bonnes vieilles photos des boîtes de dragées anti oxydantes que vous consommez pour avoir une santé d’Iroquois chevauchant dans les grandes prairies du West lointain. Les mélange-t-il entre d’autres vivaces ? Non, elles sont toujours en larges taches uniques, collées à d’autres grandes taches de vivaces. Il faut donc en retenir qu’en grosse majorité les plantes issues de purpurea uniquement sont bien plus résistantes et que ce sont des plante qui n’aiment pas être mélangées avec la concurrence d’autres vivaces.

Elles ont tenu si peu longtemps que je ne sais plus le nom…et je m’en fiche.

Aussi, toutes les Echinacea détestent l’humidité hivernale. Chez elles en Amérique, un épais manteaux de neige les recouvrent en hiver ce qui les isolent de l’eau. Dans notre jardin, nous avons réduit les Echinacea à deux taches de ‘ Green Juwel’ et, un peu méfiants, aussi la double ‘Eccentric’ rouge sang. Et tout va bien depuis environ cinq ans : les plantes sont regroupées et non disséminées, mais aussi plantées avec de la lave sur une petite butte.

‘Green Jewel’, très robuste et superbe avec du blanc crème mais attention aux semis infidèles
Très bien aussi avec du mauve
Ou sur un fond sombre
La rouge ‘Eccentric’ qui revient étonnamment depuis quatre ans, mais plantée sur une butte drainée. On ferait bien d’en planter plus.

Enfin, la Royal Horticultural Society vient de terminer un vaste test où on a cultivé pendant cinq ans plus de deux cents cultivars dont on n’a retenu que les meilleurs. Certains ont même disparu dès l’année suivante de la plantation et remplacés par d’autres cultivars (voir quelques noms ci-dessous).

Une rescapée, disparue depuis.
‘Elton Knight’, excellente tenue mais les bouleaux ont trop assombri l’endroit et elles ont dit bye bye

POUR RÉSUMER :

  • Sol bien drainant, améliorer en conséquence et oublier en sol lourd.
  • terre pauvre, surtout pas d’engrais
  • éviter la concurrence d’autres plantes.
  • faire une butte, facile à faire si on ajoute une bonne dose de lave à la plantation.
  • choisir les bons cultivars : considérer les couleurs jaune et orange comme de courte durée de vie ANYWAY et privilégier celles à feuillage large et rugueux.
  • Sans être exhaustif : ‘Magnus’, ‘Ruby Giant’ dans les roses / :’Purity’, ‘Virgin’ dans les blancs / ‘Green Juwel’ dans les verts / ‘Big Kahuna’, ‘Marmalade’ dans les orange. Toutes ont résisté au test de cinq à la RHS.

Les plus belles que nous ayons vues, comme çà vous bavez un peu pour terminer, se trouvent à Hokkaido, l’île la plus au nord du Japon. Très froid en hiver, mais sec avec un épais manteau de neige. Etés chauds et courts sans être caniculaire. Voilà peut-être ce qu’il leur faut….

22 commentaires

  1. Sol TRÈS drainant, soleil et mon petit massif tient depuis 6 ans maintenant…belles photos en tout cas..Je voulais en mettre d autres mais je vais devoir y réfléchir plus sérieusement 😬…

  2. Bonjour à vous. C’est vrai que les échinacées sont souvent de courte durée. Mais d’une part, ce ne sont pas les seules au jardin, et d’autre part, elles sont irremplaçables en été, surtout depuis que nous avons des étés sans pluie. Et quand elles se plaisent, elles sont merveilleuses. Dans un de mes parterres, je les ai mélangées à des dahlias orage à fleurs simples. Elles sont en fleurs depuis le mois de juin. Il en est des échinacées comme des heuchères, des hémérocalles, des géraniums et autres vivaces. On ne peut pas généraliser. On fait des essais, on a des coup de coeur, on a des réussites, des échecs. Cela fait partie des plaisirs du jardinage. Et quand on aime, on ne compte pas. Bon dimanche à vous. Isabelle

    • oui bien sûr. ne jamais généraliser. Mais si j’avais intitulé l’article ‘ces échinacées que vous aimez tant’, on serait reparti pour un tour de ‘ces marguerites de grand-mère qui vous survivront certainement’.

  3. J’en ai testé en pleine terre (argileuse), elles n’ont pas tenu non plus. Il m’en reste une plante à fleurs blanc crème tirant sur le vert, en pot. Elle tient le coup. Je me contente de celle-là, dont j’ai oublié le nom. Parfois, il faut savoir renoncer à certaines plantes. Bon dimanche.

  4. J’en ai également planté 1 panachée crème et rouge.Cette année , à part 1 branche, toutes les autres sont rouges ,couleur que je n’aime pas trop.Ma terre est argileuse.On verra l’année prochaine. Comme dit Isabelle dans son commentaire ,cela fait partie des joies et des échecs des jardiniers amateurs.
    Bon weekend à vous Deux.
    Vdb

  5. La plus basic pourpre, plus ‘Pink Double’ ‘Summer Cocktail’ et ‘Green Jewel’ résistent ici donc à priori je n’ai pas à me plaindre si j’en crois la difficulté à les tenir. Après elles ne sont pas très vigoureuses et je ne suis pas prête d’en faire des divisions pour agrandir les massifs. A 1 h au sud ouest de Paris ce sont des automnes vraiment pluvieux et des étés, voir des printemps maintenant où le thermomètre s’envole ! J’adore vous lire, vous avez un humour que j’ai adoré retrouver dans votre livre sur la couleur au jardin 😉

  6. Dans notre jardin à la campagne, bien sec et pas argileux, elles sont magnifiques et se ressèment abondamment! Magnifique.

  7. Merci pour cet article qui fait le tour de la question échinacéenne et épineuse.
    Grâce aux photos, j’ai retrouvé le nom de ma chère Échinacéa achetée dans une jardinerie à Aywailles, lors d’une exercusion dans votre beau pays. C’est bien Art’s Pride que j’ai depuis plus de 5 ans mais… En pot ! Installée ainsi au départ de façon provisoire je l’y ai laissée puisqu’elle s’y plaît bien. Pratique pour me suivre lors de mes déménagements. Et vue ma terre argileuse désormais, elle va rester dans son pot encore longtemps.

  8. Dans mon jardin, terre argileuse, donc humide l’hiver et qui sèche fortement en surface l’été, j’en ai essayé pas mal et toutes ont disparu rapidement… Sauf les roses que l’on trouve partout …. Pourtant j’aime ces grosses marguerites, associées aux pennisetums c’est super… Mais avec la sécheresse qui sévit depuis quelque temps, plus la canicule en ce moment, elles font triste mine les pauvres … La prochaine fois que j’en planterai, je suivrai ton conseil Francis, et je vais noter quelque part le nom des plus résistantes.

  9. Pas vraiment pour le climat breton. J’en ai une rose dont j’ai oublié le nom qui a pourtant survécu au dernier hiver très pluvieux

  10. C’est vrai que je les ai abandonnés ! Cette année, j’en ai semé. Je me suis dit qu’elles résisteraient peut-être mieux. On verra…
    Bon, maintenant, je sais ce qu’il faut faire…

  11. J’aime beaucoup ces fleurs mais je n’en planterai pas dans ma terre lourde. Je retiens quand même les conseils. Merci Francis. Très jolie association de l’echinacea avec le fenouil dans la 3ème photo et la 4ème photo est super aussi.

  12. Mes fleurs préférées… que je choisis presque toujours en rose. Ce sont mes danseuses, alors je ne résiste pas, chaque fois que j’en vois une nouvelle, j’essaie. Et je les réussis bien, en terre limonoargileuse, bien drainante.
    Mais comme il fait très chaud à Lyon je dois les placer à mi-ombre, sinon elles ont trop soif. Incroyable, j’en avis une petite blanche, achetée en Belgique. Cette année elle fleurit rose !! Un retour au type?
    Pour l’engrais je ne suis pas sure. Je leur en mets, elles ne se plaignent pas….

  13. Voilà un article que je garderai en tête !
    Je réfléchi à mon mini jardin de ville que je programme en jaune/orange…
    J’avais repéré les Echinacea jaune/vertes que je trouvais très originales…. mais mon jardin est à mi-ombre, acide et humide 🙁

    Merciiii pour vos articles, vos photos et votre humour 🙂

  14. Personnellement j’aime bien les echinaceas et elles aiment mon jardin. Comme je suis tout près de la Hollande, c’est là que je trouve les spécimens les plus robustes. J’en ai aussi acheté sur les foires, mais aucun n’a tenu, sauf mes trouvailles aux Pays-Bas. J’ai donc Green Jewel, Virgin et la classique purpurea. Mais aussi deux plus spéciales : Southern Bell (Double fushia foncé) et Pink Sorbet (Double Rose tendre). Je les ai depuis 6 ans minimum. Et j’habite sur les plateaux de Herve (donc froid), cenpendant je bénéficie d’un sol hyper drainé naturellement. Et c’est un paradis pour les echinacea. Mais il est important de bien choisir ses variétés. Merci pour ces quelques noms.

  15. Bonjour Francis,
    Merci pour tes articles intéressants. A ta liste d’échinacées qui résistent, j’aimerais ajouter ‘Fatal Attraction’ (d’un beau rouge) que j’ai depuis 5 ou 6 ans et qui se ressèment, ainsi que ‘Southern Bell’ qui se trouvent dans ma terre argileuse depuis 6 ou 7 ans. Ces 2 échinacées ainsi que ‘Virgin’ (que tu as citées) sont vraiment “costaudes”.

  16. Hé oui Francis, tu nous fais encore baver avec les échinacées d’Hokkaido ! mais bon, vu que c’est pas à côté, la frustration est moindre !
    J’adore les échinacées mais mais c’est vrai que leur durée de vie … pffff
    la prochaine fois je suivrais tes conseils plantation et peut-être qu’elles me survivront !
    Ceci dit, pourquoi faut-il toujours que quand Dame Nature fait de belles choses, l’homme veille la surpasser ! Pour qui se prend il celui là ? un peu d’humilité et admirons ce qui nous entoure. Belle journée

    • Bonjour, Nous avions des jardins publics au Québec et l’échinacea était notre deuxième passion après les hémérocalles. Nous avons eu plus de 80 différents cultivars au fil des ans. Toutes ces beautés étaient malheureusement bien éphémères. Aujourd’hui, dans notre petit jardin privé, nous admirons les bonnes vieilles espèces naturelles.

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